December 2, 2017 - January 13, 2018

Subterranea

-
Anne bourse, Marvin gaye chetwynd, Morgan courtois, Arvo leo , Cécile serres, Maxime thieffine, Lucille uhlrich, Amelie von wulffen


Subterranea

Une exposition de la revue Ingmar


« Les histoires sont des choses trouvées, des fossiles dans le sol ? des reliques, éléments d'un monde préexistant qui reste à découvrir. Mon travail consiste à les extraire sans les abîmer. Parfois, le fossile est petit, un simple coquillage. Mais il peut aussi être énorme comme un squelette de tyrannosaure avec ses côtes et ses crocs gigantesques. Dans tous les cas, que ce soit pour une nouvelle ou un pavé de mille pages, les techniques d'excavation sont les mêmes. » (Stephen King)

Agartha, Shamballah, terres creuses, peuple dégénéré des Deros, Mole People, etc... Sous-genre de la littérature de science-fiction, l'imaginaire des sous-sols est traversé par une idée obsessionnelle, celle d'un autre monde sous la surface de la Terre, voire d'une autre civilisation ayant suivi une évolution parallèle à la nôtre. Dégénérescente ou supérieure à la nôtre, cette civilisation souterraine est souvent responsable de phénomènes inexplicables constatés à la surface. Cet imaginaire et ses multiples formes prospèrent particulièrement sur le terreau fertile de l'occultisme du XIXe siècle comme de l'angoisse de déclin en l'Occident pendant l'entre-deux-guerres. Que reste-t-il aujourd'hui de cette mythologie, si l'on met de côté les quelques thèses complotistes résiduelles, comme celle qui place notre monde à l'intérieur d'une Terre concave ?

L'exposition Subterranea a lieu dans le contexte d'une crise écologique : s'il faut se pencher sur la question des sous-sols, autant prendre en compte d'entrée de jeu leur fragilité, comme une injonction à prendre la parole. Ingmar réunit, dans cette exposition, peintures, sculptures, magazines, estampes, films, costumes et performances autour d'une question simple : quelles formes les fictions des sous-sols peuvent-elle prendre aujourd'hui, face à l'érosion des sols ? Quel type d'histoire souterraine ces oeuvres nous poussent-elles à écrire ?

Suivant en cela la piste ouverte par Donna Haraway, cette exposition se prête au jeu de la « narration spéculative » pour envisager Subterranea comme une nouvelle de science-fiction écrite par les oeuvres elles-mêmes. Son histoire s'inscrit dans un cadre philosophique nouveau - une philosophie de la synthèse beaucoup plus que de la séparation - qui perçoit la Terre comme une planète-organisme vivante. « L'hypothèse Gaïa », théorie scientifique des plus sérieuses, renoue avec certains des auteurs historiques de la « Terre creuse » pour imaginer la Terre comme une totalité sensible, dont nous sommes les éléments interconnectés à la manière des arbres d'une forêt. Les artistes de cette exposition envisagent les créatures qui peuplent les sous-sols (fourmis, chauves-souris, taupes, gnomes, racines et graines?) comme autant d'intelligences avec lesquelles cohabiter, et qui nous font tout autant que nous les faisons. Ces créatures tissent entre elles un dense réseau d'histoires ; tout ce que nous avons à faire, c'est de nous pencher un peu vers la terre, pour les entendre.

 //

Ingmar est une revue annuelle d'art et de littérature consacrée à la fiction dans les arts visuels. Son premier numéro, « Forme Humaine », est paru en mars 2017 avec les textes de Pamina de Coulon, Dominique Gilliot, David Léon, Clare Noonan, Elodie Petit et Camille Azaïs, et les oeuvres de Richard Fauguet, Amelie von Wulffen, Pudlo Pudlat présenté par Arvo Leo, Anne Bourse. Ingmar n°2, « Les Aveugles », est à paraître en 2018



Subterranea

An exhibition by the review Ingmar

"Stories are found objects, fossils in the ground ? relics, elements of a preexisting world that remains to be discovered. My work consists in extracting them without damaging them. Sometimes, the fossil is small, a simple seashell. But it can be enormous like a skeleton of a tyrannosaurus with its gigantic ribs and fangs. In any case, whether it's for a short story or a thousand-page book, the excavation techniques are the same." (Stephen King)

 

Agartha, Shamballah, hollowed-out earth, the degenerate people of the Deros, Mole People, etc. A sub-genre of science fiction literature, the imaginary dimension of the underground is crossed by an obsessional idea, that of another world below the surface of the Earth, even another civilization that has followed an evolution parallel to our own. Inferior or superior to ours, this underground civilization is often responsible for inexplicable phenomena observed on the surface. This imaginary dimension and its many forms particularly prospered on the fertile soil of occultism in the 19th century as did the anxiety of decline in the West during the interwar years. What remains of this mythology today if we put aside the few residual conspiracy theories, such as the one that places our world inside a concave Earth?

 

The exhibition Subterranea takes place in the context of an ecological crisis: if we must examine the question of the underground, we might as well take into account from the beginning its fragility, as an injunction to speak out. Ingmar brings together, in this exhibition, paintings, sculptures, magazines, prints, films, costumes and performances focused on a simple question: what forms can underground fiction take today, faced with soil erosion? What type of underground story do these works push us to write?

 

Following the track opened by Donna Haraway, this exhibition lends itself to the game of "speculative narration" to envisage Subterranea as a science fiction story written by the works themselves. Its story is part of a new philosophical framework - a philosophy of synthesis much more than separation - that perceives the Earth as a living organism-planet. "The Gaia hypothesis", one of the most serious scientific theories, converges with some of the historic authors of the "hollow Earth" to imagine our planet as a sensitive totality of which we are the interconnected elements, like the trees in a forest. The artists of this exhibition envisage the creatures and elements that inhabit the underground (ants, bats, ruins, gnomes, roots and seeds?) as a host of intelligences with which to co-inhabit, and that make us as much as we make them. These creatures weave between themselves a dense network of stories; all we have to do is to lean a little closer to the earth, to hear them.

//



Ingmar is an annual art and literature magazine focusing on fiction in the visual arts. Its first issue, « Forme Humaine », was released in March 2017 with texts by Pamina de Coulon, Dominique Gilliot, David Leon, Clare Noonan, Elodie Petit and Camille Azaïs, and reproduction of works by Richard Fauguet, Amelie von Wulffen, Pudlo Pudlat introduced by Arvo Leo, Anne Bourse. Ingmar No. 2, « Les Aveugles », is to be published in 2018.